L’Abbatiale Notre-Dame

VISITES DE L’ABBATIALE

L’Abbatiale Notre-Dame peut être visitée:

  • Durant l’été, tous les après-midis de 14h à 17h, tous les jours de la semaine
  • Sur rendez-vous à la Mairie de Guîtres du lundi au samedi midi dans les heures de bureau
  • À la Mairie de Guîtres du lundi au samedi midi, dans les heures de bureau où seront prêtées, contre caution, les clefs de l’édifice

SPLENDEUR ET DÉCADENCE

Construite sur le rebord d’un plateau calcaire, l’abbatiale de Guîtres, classée Monument Historique depuis 1901, surplombe la vallée de l’Isle. En s’y installant à la fin du XIe siècle, les bénédictins ont la volonté de contrôler le trafic fluvial entre Libourne et Périgueux.

Soucieux de préserver l’indépendance du monastère en matière de justice, l’abbé affirme que Charlemagne est à l’initiative de sa construction. Cette fondation royale revendiquée au XVe siècle est supplantée par La chronique de Guîtres. Ce récit écrit au Moyen Age fait remonter son origine au VIIIe siècle. En fixant l’origine de l’abbaye dans des « temps immémoriaux », les religieux accroissent le prestige du lieu.

Un prestige qui s’illustre aussi par les dimensions imposantes de l’église : près de 58 m de long, 16 m de large, 17 m de haut. Ce qui en fait le 7e édifice de Gironde par sa grandeur. La nef à trois vaisseaux, le transept à abside semi-circulaire, le chœur à déambulatoire (couloir qui dessert les absidioles), sont caractéristiques des églises consacrées au culte des reliques et aux pèlerinages. Ce plan complexe, en plein essor au XIe siècle, illustre la splendeur des lieux.

Une histoire mouvementée

Mais le rayonnement de l’abbaye de Guîtres est mis à mal par la peste noire, la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion. L’établissement monastique ne s’en remet pas malgré les efforts de certains abbés comme Nicolas Fabri de Peiresc. Nommé par Louis XIII au début du XVIIe siècle, il tente de restaurer les bâtiments et de reconstituer une communauté de religieux. Si elle a pu rassembler 15 moines au Moyen Age, ils ne sont plus que 2 en 1619. En outre, l’abbé ne dispose que de revenus limités pour financer les travaux depuis que l’un de ses prédécesseurs, l’abbé Taurel, a aliéné les moulins sur le Lary en 1578. Ce dernier y fut contraint par une imposition royale de 1575 pour financer la guerre.

L’abbatiat de Charles de Lagoguée qui débute en 1713 n’arrange rien. Il se résume à une longue série de procès menés contre lui par le prieur. Indifférent au sort des moines et à celui des bâtiments, il se sert des revenus de l’abbaye pour financer la construction de son hôtel particulier à Libourne. Si bien qu’en 1750, « le monastère est dans un désordre dépenaillé des plus inconcevable ».

La vie spirituelle est totalement éclipsée par ces affaires de justice. Certainement moribonde, la communauté disparaît par lettres patentes du roi en 1770. L’archevêque de Bordeaux confirme cette suppression le 30 décembre 1774. La congrégation des Exempts à laquelle s’était rattachée les bénédictins de Guîtres disparaît.

(Auteur: Christophe MÉTREAU)

 

Le temps des restaurations

En 1838, la municipalité lance des travaux « pour qu’on puisse sans danger pour la santé y célébrer et y entendre les offices divins ». Ils sont confiés à un architecte bordelais : Auguste Bordes. Des voûtes sont élevées au-dessus des premières travées de la nef. Au moment d’enlever les cintres, deux colonnes existantes présentent « quelques crevasses et quelques lézardes ». Il est décidé de les renforcer avec « 4 pièces de bois (…) placées perpendiculairement ». 16 troncs de pichepin sont liés par 40 boulons et recouverts de plâtre. D’où la forme de colonne cruciforme que l’on remarque dans la nef.

Le mobilier intérieur

Au XVIIIe siècle, neuf autels sont répartis dans l’édifice. Ils sont entourés par des balustres en bois. Placé sous un dais, un retable sculpté en bois doré trône au milieu du chœur des moines. Conséquence du partage de l’église entre la paroisse et les religieux à la fin du XVIIe siècle, une clôture et un autel coupe la nef en deux au niveau de la quatrième travée. Après la Révolution, l’Etat accompagne le réaménagement de l’édifice en donnant un tableau de saint Sébastien en 1849, puis un autre de l’Assomption en 1851. Quarante ans plus tard, un autel et des stalles sont replacés dans le chœur.

La confrérie des pèlerins de Saint-Jacques

Au moins huit habitants de Guîtres s’associent en confrérie au début du XVIIe siècle. Ils font édifier un autel d’environ 2 m de long sur 80 cm de large. Il est séparé du reste de l’église par « un balustre » en noyer. A l’avant de l’autel, 23 m² sont consacrés à l’inhumation des pèlerins de Guîtres, Sablons, Bayas… 15 hommes « ayant droit de sépulture à raison de [leur] qualité de pèlerin dudit Saint ayant faict le voyage de Compostelle » ont été enterrés entre 1685 et 1758. Démoli en 1794, son emplacement est matérialisé par la coquille Saint-Jacques accrochée sur le mur du bas-côté sud de l’abbatiale. 

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